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Palabras de Coline

7 janvier 2008

...

Que este nuevo ciclo tome el tiempo de dar el tiempo a los Hombres
de darse cuenta que son Hombres,

Que la corriente de los años regale la fuerza a todos los pies que siguen caminando
sobre los senderos de tierra,

Que de estas primaveras germinan las ideas de una nueva esperanza,

Que la inmensidad del universo les de toda la locura soñada para empezar a volar…

Que respiren libremente en paz porque la vida merece de ser vivida…



Que ce nouveau cycle prenne le temps de donner le temps aux Hommes
de se rendre compte qu’ils sont Hommes,
Que le courant des années offre la force à tous ces pieds qui cheminent sur les sentiers de terre,
Que de ces printemps germinent les idées de l’espoir renaissant,
Que l’immensité de l’univers vous donne toute la folie rêvée pour commencer à voler...
Respirez librement en paix parce que la vie mérite d’être vécue...


Tan_larga_sea_la_noche__siempre_viene_el_d_a

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13 décembre 2007

Sur la route...

Buenos dias...

Eh oui les jours passent et la Coline écrit trop peu souvent ! Je vais essayer de me rattraper.

Plus ça va plus il y a de choses à faire, le printemps arrive, les gens commence à se motiver, c'est bon signe... ça fait maintenant presque six mois que je suis à Villarrica et le tableau se précise. Oui se précise, car comme partout les humnains sont les champions de sacs de noeuds oú chacun tire sur un bout plutôt que de prendre le temps d'observer et de démeler. Tout ça fait que je sois quelquefois un peu "blasée".

Le cours de gastronomia se termine bientôt. La semaine dernière j'ai organisé un atelier sur les "valeurs morales dans l'activité comerciale", (pas oublier que l'université est catho) que j'ai vite transformé en atelier sur le commerce équitable et la souveraineté alimentaire, et sur l'importance de construire des réseaux avec des fondements éthiques. Cette expérience m'a beaucoup plu mais le contexte "cours" reste inbuvable... je suis sortie de l'école par une porte et je ne crois pas que je vais y retourner par l'autre porte.

L'idée est maintenant d'écrire un livre sur les traditions culinaires : une très belle chose.. mais qui réveille les conflits ancestraux sur l'appropriation des savoirs par l'université, l'utilisation des communautés...

Certaines femmes sont très enthousiates mais d'autres se sont complétement fermées... Ces situations sont toujours compliquées car l'université a fait beaucoup d'erreurs et n'est pas toute blanche sur le thème, mais la réaction extrême de certaines personnes qui veulent tout apprendre et ne veulent rien partager, à moitié parano, est souvent détestable. Et moi la dedans je nage, j'essaye de faire ce que l'on appelle de la médiation... le plus dur est de ne pas prendre sur soi car sinon t'es foutu , les conflits et l'hypocrisie te bouffent... et me cuisinent quelquefois !!

Pour ce qui est des projets sur le tourisme, un est en bon chemin, ils vont lancer le premier accueil de groupe le 20 décembre. C'est un groupe bien motivé avec de bonnes idées, c'est vraiment plaisant de travailler avec eux !

Par contre avec l'organisation mapuche, c'est une autre paire de manches... les gens ne s'impliquent pas, attendent que tu proposes et fasses les choses, se jalousent les uns les autres. Je ne suis pas allée à la dernière réunion  et les présidents de comité ont commencé à dire que je les avais abandonné, que je venais espionner pour l'université, que je ne mettais en place aucun projet, que je n'apportais pas de sous... Et voila ce qui se passe quand les gens sont habitué à l'assistanat : il y a mille et une propositions (atelier de conserves, de productions de purins, de compost, de système d'épuration d'eau, mise en place de réseau de commercialisation...) mais c'est l'envie et la motivation des groupes qui manque, le rêve et l'espoir collectif. Les conflits d'intérêt (comme partout) sont épuisants et donnent envie de tout lacher pour travailler avec les familles motivées !!! C'est d'ailleurs ce que je commence à faire en plus du travail de groupe qui est plus un travail de prise de concsience ou d'organisation... qui est très très lent et long !

Ce que je fais dépend beaucoup de ce qu'attendent les gens (ce sont eux qui organisent mon travail pour qu'ils se sentent totalement libres de prendre les décisions et de choisir ce qu'ils veulent) .Le travail avec l'humain est finalement très peu matériel ou visuel(appui technique), il est surtout dans la discussion, la prise de conscience que chacun de nous décide de la vie de tous les jours, que chacun crée sa propore liberté, que le monde changera si chacun de nous change et se respecte ! Ce sont de bien grands mots mais dans le fond c'est ce qui fait que les gens se regardent, s'ouvrent et accepte d'échanger leurs connaissances... car le Chili pour ça est bien spécial !!

Ce pays m'a un peu surpris car assez différent du reste de l'Amérique Latine :

---ultralibéral, presque tout est privatisé ou appartient aux multinationales (eau , route, gestion des fichiers d'état civil, transports, éducation, santé... et c'est là que je me rend compte de la richesse de notre système social)

--- bien individualiste, le voisin est plus vu comme la compétitivité menaçante que comme la possibilité d'enrichissement mutuel... ceci est dû en grande partie au passé dictatorial qui fait que son voisin est une menace ou une crainte. Les coopératives ont presques toutes foirées...

---et pas mal hypocrite, de la culture guassa : les metayers des grandes propriétés ne pouvaient et ne peuvent pas dire ce qu'ils pensent au patron, et tout ce dit par derrière.

---ce qui fait que l'associativité est très peu développée. Le gouvernement est également très intelligent , le contrôle social qu'il a développé avec une politique d'assistancialisme a en partie permis d'étouffer les conflits historiques et les organisations communautaires ou syndicales (ou comment acheter les paysans, pas tous à la fois bien sûr pour que les inégalités puissent créer des conflits internes). Les fonds financiers sont toujours des subventions sans "retour" des fonds ou obligations.

---Les organisations sont très fragiles et souvent superficielles : les idées de fond sont bonnes mais pas assez fortes pour réunir le peuple encore très éclaté par la rancoeur de la "pacification" ou casi génocide indigène (mapuche, atacameños, diegitos...) très récent (1800 à 1950..voire plus), par le racisme, par le xénophobisme, par une société où la richesse naturelle fut donnée (!!!!) aux multinationales.

(C'est un peu comme les luttes dans le Béarn... les idées passent après le conflit béarnais basques !)

Ce n'est pas un très beau paysage que je trace là... je m'excuse d'être un peu rabajoie mais c'est ce que je ressens tous les jours : après s'être transformé en colère, les sentiments sont passés par la peine, la tristesse et la démotivation... l'humain vaut-il le coup ? Ah la bonne question qui fait tourner en rond tous les cerveaux-révoltés.

L'unique sortie est de penser que si, sinon tu étouffes ! Les vices de l'Homme sont une plaie, mais il y a heureusement plein de bonnes choses, les traditions, le tissage, les saveurs... et aussi tout ce qui nous entoure et qui finalement nous fait vivre. Voila peut être pourquoi je vénère chaque jour un peu plus le soleil, le volcan, l'eau !!!

L'important est de chercher ce qui rempli, et observer ce qui détruit sans l'intérioriser... eh oui parce que l'on parle plus souvent des choses qui pèsent que de celles qui soulagent...

Alors maintenant viennent celles qui libèrent les sens...

Quand je peux, je vais avec la famille d'Hector (un homme magnifique avec un coeur gros comme ça) pour construire une RUKA, la maison traditionelle mapuche : en paille ou Q'ûna (que l'on va arracher sur les plateaux), et en bambou ou canne. La porte principale est orientée vers l'Est pour recevoir les premiers rayons du soleil plein d'énergie, qui nettoyent, et la seconde porte est à l'ouest, les derniers rayons du soleil disparaissent avec les mauvais esprits. Le sol est en terre battue pour que l'énergie circule entre la Terre , la Mapu, et l'Homme, l'Être, les Gens, les Che : ainsi il y avait très peu de maladies, explique Hector.

Chaque jour j'essaye de me nourrir de ces savoirs, de cette vision de la vie qui existe encore chez certaines personnes. J'ai eu la chance d'aller vivre quelques jours chez une machi ou guérisseuse... je ne pourrais vous expliquer ce que j'ai exactement ressenti mais ce fut très fort : l'ambience est très spéciale, mais la machi très ouverte et accueillante, avec l'envie de disctuter, très motivée... c'est la première qui a fait et surtout testé le purin d'ortie.

La prochaine fois que je vais la voir ce sera avec un cahier... elle m'a demandé si je pouvais écrire sa vie, ses contes, pour qu'elle puisse les publier... peut être qu'une grande histoire va commencer !

A part Villarrica qui commence à s'activer et se remplir de touristes autour du père Noël en maillot de bain (eh oui premier nouvel an en été au bord de la plage, si c'est pas le pied !!!), je viens de me prendre quelques vacances dans la Vallée de l'Elqui, à quelques 18 heures de bus de Villarrica, au Nord du Chili. Cette vallée est très spéciale, "très énergétique", les montagnes sont chargés de magnétite et quartz. Il se dit que les rivières sont purificatrices, que le ciel est particulier (beaucoup d'observatoires), et que le rayonnement énergétique est très important. Que l'on y croit ou non, la vallée est ce qu'elle est, spéciale et magnifique !!!



valle

J'ai passé un très bon moment avec Carlos, Mélanie et la petite Selva... une petite famille bien agréable qui part bientôt pour l'Italie pour étudier.

Il y a deux ans, Carlos et Mela, dans une petite folie ont acheté un demi hectare au fond de la Vallée, dans un coin appelé "el enpiedrado" ou l'empierré : splendide désert avec un canal, deux droits d'eau, une rivière et un terrain 99% cailloux !! On a passé une journée à cogiter ce que l'on pourrait y faire...à travers de nos folles idées nous est venu celle d'utiliser l'eau du canal pour commencer à irriguer au goutte à goutte, histoire que la végétation se développe (100 %epineux et cactus) pour avoir un peu d'ombre pour commencer. Après, peut être couper les arbustes en trop pour le bois de chauffage (ça pèle le soir et la nuit, il neige en hiver) puis commencer à planter d'autres arbres et déplacer quelques lourdes caillasses pour pouvoir au moins loger les quelques tentes des huluberlus amoureux du désert et des grands espaces !!! Tout ça pour dire qu'à l'automne prochain (avril) on va essayer de réunir quelques copains pour essayer de construire le petit réseau d'irrigation...

Dans un milieu si hostile il y a que la folie de l'impossible qui émerveille les pensées !!!

Voila un petit peu le conte, la semaine prochaine je vous raconterai des histoires un peu plus fraiches : je pars samedi pour la Patagonie à la rencontre des glaciers

... il ne faut jamais oublier que notre vie est un voyage et que la Terre, notre Mère Nourricière,

Pleins de bises

Coline

Buenos dias et bonjour !!

13 septembre 2007

Anecdote aeroportuaire

Serait-ce depuis l'histoire de la petite Madeleine au Portugal ?
Serait-ce une extension commerciale des accessoirs pour chiens Champion ?
Serait-ce une nouvelle ère du temps ?
Ou ai-je révé ?

Plusieurs millions d'années d'évolution de l'être humain pour arriver à ÇA :
Cette petite fille tenue en laisse par sa mère...
la petite pleure et tire sur la chaine,
mais sa maman est attentive et tenace :
elle garde un bon rabais de laisse enroulée autour de la main
au cas où...
Avec le super yaourt enrichi en vitamines saupoudré d'hormones,
les enfants peuvent nous surprendre !!

12 septembre 2007

Desierto de Atacama

Une inauguration en grandes pompes, le blabla habituel, présentations et courbettes, rencontre du gérant régional de SERCOTEC (Servicio de Cooperacion Tecnica), quelques coups de téléphone et me voilà à l’autre bout du Chili, en plein Désert d’Atacama...

... un autre monde, totalement différent du Sud. Ça ressemble un peu au Sahara, aux montagnes arides de l'Atlas en plus grand.

Dimanche, grace à une rencontre insolite entre deux collines (un marcheur amoureux de l’écho du désert) j'ai escaladé la grande montagne qui surplombe la ville de Copiapo... grandiose, le vide, l'étendue qui aspire !


Pura_Vida

L’idée de ce voyage était de rencontrer un jeune microemtrepreneur, Victor, qui s’est lancé dans la culture de champignons dans une ancienne mine. SERCOTEC, l’organisme de l’Etat qui finance via Capital Semilla  (Capital semence), aimerait organiser un voyage en France pour qu’il puisse découvrir d’autres techniques de culture et comment s’organise la commercialisation.

Victor semble avoir de bonnes idées... mais les ingénieurs viennent y mettre leurs pattes blanchies par la politique d’exportation ! Victor a commencé à petit pas, produisant sur des sacs de paille bouillis dans d'anciens bidons de diluant (chauffés a 100 degré tout s'évapore), puis ensemencés pour produire des pleurotes grises, qu’il appelle aussi « champignons huitres ».

La mine doit avoir un peu de lumière, il a donc investi dans un panneau solaire pour être plus autonome.

Mais pour les techniciens le projet doit être plus ambitieux, technologique et innovateur... « il faut penser en grand », ce qui donne en d’autres termes : utilisation d'un fongicide pour désinfecter la paille avant l'ensemencement, le possible achat d'un autoclave super consommateur en énergie, le montage d'un plan d'exportation car pour TOUTES les nouvelles microentreprises productives, l'objectif est l'exportation, le prestige du Chili, la grandeur économique s’il vous plait ! ... et en attendant les Chiliens ne voient pas la couleur du changement.

 

La discussion avec les ingénieurs fut vite limitée, mais j'ai pu parlé un bon moment avec Victor (possibilité de produire biologiquement, recyclage de l’eau, sensibilisation du consommateur et développement du marché local) et j'espère que ce sera constructif. Il ne s’agit pas de faire du champignon la même chose que du Choro Zapato, moule géante de 20cm, utilisée (autrefois !) dans la cuisine chilienne... et qui aujourd’hui en fait seulement partie en rêve, puisqu’en totalité exportée vers le Japon et l’Asie.

 

Peu à peu j'ai bien senti que je prêchais en terrain miné, mais c'est là que c'est interessant ou plutôt désolant. La ville de Copiapo s'assèche de plus en plus à cause de la production de raisins de table pour l’exportation, et à cause de l'exploitation du cuivre... les mines utilisent énormément d'eau dont 98 % est recyclée... mais les 2 % gaspillés sont des milliers de m3 par jour. Personne ne se projette dans l'avenir, quand la ressource sera épuisée, car pour l'instant, l'important est de s'en mettre plein les fouilles. Choix périlleux pour une région du désert le plus aride du monde !!!

 

Le deuxième jour, nous sommes allés à l'Alto del Carmen 200 km plus au Sud... un long trajet sur une route, plus rectiligne ya pas ! Un paysage incroyable où nous avons rencontré 11 familles qui font du tourisme.

Très bon accueil, avec uvas de asombra (raisins séchés à l’ombre), pajarete (vin dont les raisins ont fermenté dans la paille), chicharro (sorte de pois chiche au goût bien plus raffiné), glace à la cannelle... un régal !

 

J'ai présenté l’histoire de la Rougerie, ce qu'est Anes à Chroniques et Acceuil Paysan... les personnes ont été enthousiasmées, très intéressés mais je crois bien que le discours n’était pas tellement en accord avec l’institution !

SERCOTEC finance, une entreprise de consulting encadre et développe l’idéologie de marketing : on parle de produit touristique, de packaging, de mission de marketing, développement du tourisme d'entreprise. Toujours agrandir, toujours plus, vendre du vin mais le sac ou la chemise qui va avec, ça fait mieux ! Genre souvenir quiche « à forte valeur ajoutée».

 

 Mais le pire n'est pas là...

 

Ils sont en train de former un groupe, un petit réseau, et trois sujets sont considérés comme HORS SUJET : la politique, la religion, et la mine. Oui, la mine, car cette vallée est celle de Pascua Lama... ce projet argentino-chilien d'une gigantesque mine qui va détruire plusieurs glaciers, asseché et pollué les cours d'eau, et dont (cerise sur le gateau) l'exploitation est étrangère (multinationale canadienne). Le projet fut autorisé sous la présidence de Lagos, qui aujourd’hui fait partie de la commisssion de l’ONU sur le changement climatique !

 

( http://fr.wikipedia.org/wiki/Pascua_Lama )

 

Revenons au petit groupe bien motivé, qui malgré leur marke-packaging, reste bien sympathique... Sercotec finance les investissements (plusieurs millions), motive et encourage; mais d'ici quelques années ce sont plusieurs milliers de camions qui vont se croiser sur une route comparable aux Gorges du Tarn, dans une vallée tout aussi étroite. Et quand je pose la question de la cohérence des deux projets... "certes il va y avoir gène mais peu car par rapport au village la route est éloignée"...de 200m !!!

Sujet hypersensible car mine = camion qui veut dire bruit, danger de circulation, pollution, dégradation, mine = pollution de l’eau qui veut dire pas de baignade et Chao les vacanciers !

Le gouvernement Chilien serait-il skizophrène  : exploitation minière et développement local touristique ? Ou serait-ce de la pure régulation sociale ?

 

O__sera_le_fameux_Pascua_Lama

C’est par ici que sera la mine... et l’on peut lire sur le mur des maisons « PASCUA LAMA , PAN PARA HOY, HAMBRE PARA MAÑANA » Pain pour aujourd’hui, Faim pour demain...

 

Jouer avec l’espoir des gens, faire croire, plannifier et rassurrer... politique de l’autruche !

Je vous promets, ça donne envie de pleurer.

 

En attendant le déluge,

 le soleil réchauffe les coeurs aigris,

   l’étendue désertique aspire le regard et le souffle,

   le silence calme la colère...

                                        Besos y abrazos de la Coline

24 août 2007

NouVellEs 24 août

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Déjà deux mois ! Que du bonheur quand on ne voit pas passer le temps… en profiter, prendre le temps, prendre du bon temps !

L’hiver tire à sa fin mais il fait encore froid et quelques centimètres de neige nous surprennent encore certains matins. Le peuple se réveille et la terre s’active, la sève fait ses premiers pas timide et incertaine.

C’est la saison des semis sous abris et je vais essayer de faire mon petit jardin dans les quelques mètres carrés qui entourent cette charmante maisonnette… la terre est bien noire, très argileuse et gorgée d’eau : cette zone est un ancien « pantano », zone humide, moitié marécageuse… la quinoa et le thym n’aimeront peut être pas mais la rhubarbe sourit déjà !

Le travail est très diversifié et pas toujours facile mais chaque jour plus intéressant.

Je participe à « l’équipe technique » du projet de Label « Valle Araucania » : ce projet est né au début de l’année à l’initiative d’une institution « mesa publica privada » (qui se rapproche un peu de nos communautés de commune)… une bonne idée dont les agriculteurs viennent juste de prendre connaissance, et notre tache est de les impliquer dans le processus avec une méthodologie participative (construction de protocole et cahier des charges selon leurs valeurs et leur identité). Ils sont très réservés et surpris qu’on leur donne la parole et cet espace de décision… assez fictif selon mon point de vue : leur volonté est d’améliorer la qualité de production voire de produire en agriculture biologique et selon les coutumes mapuches.

Bonne idée s’exclament  maires et divers présidents, seulement il n’existe actuellement pas de techniciens en agriculture bio (techniciens spécialistes en Round Up et semences certifiées), pas de formation agricole spécifique, et les lois d’orientation vont plutôt dans le sens inverse avec la prochaine autorisation des OGM, l’interdiction implicite des TRAFKINTU (échange traditionnel de semences au printemps) via les accords de l’OMC signés et ratifiés par le Chili… qui par ailleurs fait parti des pays considérés comme développé qui continuent à s’opposer à la ratification de l’Accord 169 de l’OIT, reconnaissant les peuples indigènes et leurs droits en temps que peuples originaires colonisés…

Un sac de nœud politique, où les lobby ne sont pas en marge… et pendant ce temps le développement durable est servi comme partout à toutes les sauces !!

Je travaille également avec deux groupes de paysans sur le thème du « turismo rural ». Plus à l’Est, près de la côte, plusieurs familles de la communauté de Las Quinientas (voir photos !) se sont regroupées pour faire de l’accueil… oui de l’accueil et non du tourisme, « ce tourisme qui nous demande de tout modifier dans nos maisons, nous sommes paysans, c’est notre identité, notre vie, pourquoi changer ce que l’on aime ? »

paysage_de_las_Quinientas

Un groupe bien motivé, qui doute, qui s’organise, téméraire ou méfiant… mon rôle est de renforcer les échanges entre les familles, de mener des discussions sur comment accueillir, l’importance de l’hygiène, la simplicité de l’échange, sur l’utilisation des produits locaux et la valorisation de l’agriculture de la communauté (troc et échanges de services).

C’est un lieu vraiment magnifique, avec des gens convaincus, riche de leur identité, fiers d’être « del campo », et qui ont le cœur dans la main ! Un vrai plaisir…

Une organisation de Villarrica (Kom Kelluhayim), de plus de 200 familles, s’intéresse au même sujet… et là c’est une autre paire de manches ! Organisation fondée il y a 25 ans par l’Université Catholique, dans une dynamique d’assistantialisme, et participation par intérêt souvent matériel. Pas tout à fait indépendante, la Corporation Kom Kelluhayim (« Nous nous aidons tous ») regroupe une multitude de projets, de la conservation de la Gallina Mapuche (poule Mapuche) à la CUMA locale ( mise en commun de matériel agricole), en passant par le centre informatique communautaire. Une organisation qui regroupe des familles de onze communautés, avec de nombreux conflits internes, éthiques, financiers, politiques…

Le projet de tourisme rural s’est d’abord orienté vers le montage d’un projet avec recherche de financements et offre d’amélioration infrastructurelle des familles intéressées… la même dynamique du « cadeau-intérêt ». En discutant avec les dirigeants, nous nous sommes peu à peu mis d’accord sur une autre stratégie : Réfléchir d’abord à ce qu’est le tourisme, les impacts positifs ou négatifs que cette activité peut engendrer, la perception des habitants des communautés, leur considération par rapport à leur identité, à leur organisation sociale, et à l’évolution de leur milieu, leurs préoccupations, leurs rêves. C’est un premier pas primordial :  si une famille commence à accueillir, elle implique toute la communauté dans cette activité (ouverture), et il semble important de réfléchir aux changements sociaux, économiques (modifications des revenus) et culturels (folklorisation de la culture) qu’elle peut engendrer, pour pouvoir les accompagner, les limiter ou les favoriser.

Suite à ce travail, l’idée serait de former un petit groupe de cinq familles déjà prêtes à accueillir et de constituer un autre groupe de réflexion et d’observation éthique… si ça fonctionne, ces familles pourront par la suite parrainer chacune une autre famille pour grossir le groupe et répondre aux nécessités d’adaptation, aux préoccupations, aux interrogations.

Un grand défi, un beau projet où j’essaye de n’être qu’une partie du mode d’emploi et non une pièce du moteur…

Et puis il y a aussi le cours de gastronomie… 30 personnes de toute la région, un mélange culturel fabuleux, de la cordillère à la côte Pacifique…Mapuche Peuenche (du pignon de l’Araucaria, cordillère), Mapuche Williches(de la plaine) , Lafkenches (de la côte), chiliennes et chiliens, et une française qui écarquille les yeux, les oreilles attentives à toutes ces histoires de peuples et de cuisine !

Tiens en parlant de cuisine… me voilà maintenant spécialiste des escargots !!! Il y a un mois, l’association Fundar qui organisait un séminaire sur l’élevage des escargots pour l’exportation m’a demandé si je pouvais cuisiner quelques escargots… car les français mangent des escargots n’est-ce pas ? J’ai répondu pourquoi pas, comme une expérience dont je n’avais aucune expérience sinon la seule dégustation des cagouilles cuisiner de rares fois à la maison. Et me voilà employée comme chef de cuisine des escargots pour le séminaire avec 8 kg de cagouilles dans les bras ! Je n’en menais pas large mais je ne pouvais que faire bonne figure…

Epilogue : Escargots au beurre de coriandre et persil, version Bourguignonne, Brochettes d’escargots à la farine de blé grillée (produit local), Cagouilles à la sauce tomate, Consommé d’escargot au Merken (piment fumé) et pignon d’araucaria… Malgré les crampes d’estomac pour cause de cuisinière bien stressée, c’était super bon, et les gens très contents !!!

En parlant de spécialiste, des paysans du Nord du Chili,  région du désert d’Atacama, m’invite en septembre à visiter leur projet : utiliser des grottes d’anciennes mines pour cultiver des champignons… et comme ça existe pour le Roquefort en France, me revoilà convoquée comme spécialiste !! Mais là, j’ai dit non : c’est incroyable toute la crédibilité qu’est donné aux étrangers européens ou américains !!! Du coup ils m’invitent quand même pour que je puisse faciliter les contacts avec la France en vue d’organiser un voyage pour ces paysans, et visiter les grottes de Roquefort (objectif : contrôle de l’humidité, obscurité, champignons parasites…) (Si vous connaissez des expériences qui puissent les intéressés, merci pour les contacts merci pour eux)

Le « reste du temps », je vais chez la José et la Valentina para tomar Once (4h chilien qui remplace le dîner), je discute avec mon voisin de porte japonais Yosuke, je me marre avec les copaings, je cuisine, je « camine » ou chemine, et je me suis mise au tissage… égyptien ! (Voir photos) Un métier à tisser mobile où la tisserande s’accroche à un arbre… une communication entre la plante et l’artiste qui se dévoile par les dessins qui naissent de ces belles paroles…

Grandes besos de la Coline

La pleine lune sur le lac de Villarrica...

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2 août 2007

Kinwa

singleplantLa Kinwa (ou quinoa) est une plante sacrée et ancestralement cultivée par le peuple mapuche. Son nom, Kinwa, vient de KIN, savant, et WA, maïs... le Maïs savant : cultivé par l´homme, il cultive l´homme... plante intelligente, qui s'adapte aux sols, aux climats, à l'altitude, plante qui nourrit, qui soigne (son nom peut être aussi ZAWE qui fait appel à des propriétés médicinales).

Le nom de cette plante traduit une image, une existence comme un être à part entière, avec sa force, son utilité et sa diversité... kinwa amarilla, blanca, roja, negra, kinwa de la cordillera, del altiplano, kinwa de la costa...

La Kinwa est actuellement peu cultivée dans la région... le blé l'a peu à peu remplacé : son grain est plus gros, les rendements sont plus importants, mais sa qualité nutritive et complète est plus faible. Aujourd'hui la culture de la Kinwa commence à se développer pour récupérer les savoirs, la qualité de l'alimentation, l'aspect et l'importance culturelle, une partie de la "cosmovision mapuche"...

30 juillet 2007

Carte de l'Araucanie

30 juillet 2007

Dernières nouvelles

Bonjour à tous et à chacun,

Plein de choses à faire, plein de choses à voir, plein de rencontres...
mais tout de même quelques minutes pour vous écrire. Vous n'aurez peut
être pas le temps de lire ou de me répondre, mais ça me fait plaisir de
vous donner quelques nouvelles, expliquer un peu où j'en suis, et penser
en français alors que je me saoule de l'español toute la journée !

l'hiver bat son plein, les rues sont des ruisseaux, l'eu passe au travers
du parapluie, et l'âme en ressort trempée... il fait mauvais mais je n'ai
pas bien le temps de m'ennuyer. Le travail devient de plus en plus
intéressant, Yosuke (mon colocataire japonais) parle un peu plus chaque
jours, et je fais la vagabonde entre les invitations, les soirées chez
les copains, les rencontres culturelles....

Je travaille dans cinq projets, et je commence à bien cerner la politique
paternaliste de l'université catholique et pontificiale, ne l'oublions
pas, la volonté d'indépendance des organisations paysannes, l'histoire
sensible, récente et parfois sanglante de la région, les conflits locaux,
la discrimination quotidienne des mapuche réelle ou parano, et la
politique qui s'en mèle...

Je travaille avec les participants d'un cours de gastronomie, sur les
caractéristiques culinaires des différentes vallées de l'Araucanie, sur
l'identité indienne mapuche et chilienne au travers de la gastronomie.

Un autre projet porte sur la construction d'un label avec les
agriculteurs de la vallée centrale (certification participative, contrats
producteurs-consommateurs, réflexion sur la consommation locale et sur
l'exportation)

J'accompagne également une organisation paysanne dans le cadre d'un
projet sur l'accueil à la ferme et dans les familles d'artisans, quel
accueil, quel tourisme, quels objectifs...

je travaille aussi dans une équipe d'agronomes, assitants sociaux et
sociologues, sur un programme de lutte contre l'extrême pauvreté.(
productions vivrières, organisation, distribution du travail dans la
famille, hygiène)

Je suis un peu l'électron libre entre l'université, les assos locales, les
ONGs... et j'essaye de garder ce statut de "regard extérieur" qui me
permet d'exprimer mes critiques, de défendre une certaine éthique et de
rester en dehors des conflits en me faisant ma propre ligne de travail.

J'apprends tous les jours en rencontrant les paysans, en discutant de leur
culture et de leur traditions... toute une vision de la vie différente,
des savoirs sur la médecine traditionnelle, un système de
transmission du savoir oral dont ont ferait bien de prendre de la
graine...
Malgrè mon appréhension je suis vraiment bien accueillie, une machi
(guérisseuse) m'a proposée de venir vivre avec elle pendant quelques temps
pour me faire découvrir son travail, la semaine prochaine je suis invitée
à une rencontre territoriale entre communautés mapuche pour mettre en
place un protocole de culture de la Quinoa, symbole culturel et aliment
sacré, en septembre je pars plusieurs jours dans la montagne pour récolter
les plantes tinctoriales avec un groupe de tisserandes...
La lumière hivernale est sombre, mais les regards sont lumineux !

Muchos besos y embrazos de la Coline

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