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Palabras de Coline
12 septembre 2007

Desierto de Atacama

Une inauguration en grandes pompes, le blabla habituel, présentations et courbettes, rencontre du gérant régional de SERCOTEC (Servicio de Cooperacion Tecnica), quelques coups de téléphone et me voilà à l’autre bout du Chili, en plein Désert d’Atacama...

... un autre monde, totalement différent du Sud. Ça ressemble un peu au Sahara, aux montagnes arides de l'Atlas en plus grand.

Dimanche, grace à une rencontre insolite entre deux collines (un marcheur amoureux de l’écho du désert) j'ai escaladé la grande montagne qui surplombe la ville de Copiapo... grandiose, le vide, l'étendue qui aspire !


Pura_Vida

L’idée de ce voyage était de rencontrer un jeune microemtrepreneur, Victor, qui s’est lancé dans la culture de champignons dans une ancienne mine. SERCOTEC, l’organisme de l’Etat qui finance via Capital Semilla  (Capital semence), aimerait organiser un voyage en France pour qu’il puisse découvrir d’autres techniques de culture et comment s’organise la commercialisation.

Victor semble avoir de bonnes idées... mais les ingénieurs viennent y mettre leurs pattes blanchies par la politique d’exportation ! Victor a commencé à petit pas, produisant sur des sacs de paille bouillis dans d'anciens bidons de diluant (chauffés a 100 degré tout s'évapore), puis ensemencés pour produire des pleurotes grises, qu’il appelle aussi « champignons huitres ».

La mine doit avoir un peu de lumière, il a donc investi dans un panneau solaire pour être plus autonome.

Mais pour les techniciens le projet doit être plus ambitieux, technologique et innovateur... « il faut penser en grand », ce qui donne en d’autres termes : utilisation d'un fongicide pour désinfecter la paille avant l'ensemencement, le possible achat d'un autoclave super consommateur en énergie, le montage d'un plan d'exportation car pour TOUTES les nouvelles microentreprises productives, l'objectif est l'exportation, le prestige du Chili, la grandeur économique s’il vous plait ! ... et en attendant les Chiliens ne voient pas la couleur du changement.

 

La discussion avec les ingénieurs fut vite limitée, mais j'ai pu parlé un bon moment avec Victor (possibilité de produire biologiquement, recyclage de l’eau, sensibilisation du consommateur et développement du marché local) et j'espère que ce sera constructif. Il ne s’agit pas de faire du champignon la même chose que du Choro Zapato, moule géante de 20cm, utilisée (autrefois !) dans la cuisine chilienne... et qui aujourd’hui en fait seulement partie en rêve, puisqu’en totalité exportée vers le Japon et l’Asie.

 

Peu à peu j'ai bien senti que je prêchais en terrain miné, mais c'est là que c'est interessant ou plutôt désolant. La ville de Copiapo s'assèche de plus en plus à cause de la production de raisins de table pour l’exportation, et à cause de l'exploitation du cuivre... les mines utilisent énormément d'eau dont 98 % est recyclée... mais les 2 % gaspillés sont des milliers de m3 par jour. Personne ne se projette dans l'avenir, quand la ressource sera épuisée, car pour l'instant, l'important est de s'en mettre plein les fouilles. Choix périlleux pour une région du désert le plus aride du monde !!!

 

Le deuxième jour, nous sommes allés à l'Alto del Carmen 200 km plus au Sud... un long trajet sur une route, plus rectiligne ya pas ! Un paysage incroyable où nous avons rencontré 11 familles qui font du tourisme.

Très bon accueil, avec uvas de asombra (raisins séchés à l’ombre), pajarete (vin dont les raisins ont fermenté dans la paille), chicharro (sorte de pois chiche au goût bien plus raffiné), glace à la cannelle... un régal !

 

J'ai présenté l’histoire de la Rougerie, ce qu'est Anes à Chroniques et Acceuil Paysan... les personnes ont été enthousiasmées, très intéressés mais je crois bien que le discours n’était pas tellement en accord avec l’institution !

SERCOTEC finance, une entreprise de consulting encadre et développe l’idéologie de marketing : on parle de produit touristique, de packaging, de mission de marketing, développement du tourisme d'entreprise. Toujours agrandir, toujours plus, vendre du vin mais le sac ou la chemise qui va avec, ça fait mieux ! Genre souvenir quiche « à forte valeur ajoutée».

 

 Mais le pire n'est pas là...

 

Ils sont en train de former un groupe, un petit réseau, et trois sujets sont considérés comme HORS SUJET : la politique, la religion, et la mine. Oui, la mine, car cette vallée est celle de Pascua Lama... ce projet argentino-chilien d'une gigantesque mine qui va détruire plusieurs glaciers, asseché et pollué les cours d'eau, et dont (cerise sur le gateau) l'exploitation est étrangère (multinationale canadienne). Le projet fut autorisé sous la présidence de Lagos, qui aujourd’hui fait partie de la commisssion de l’ONU sur le changement climatique !

 

( http://fr.wikipedia.org/wiki/Pascua_Lama )

 

Revenons au petit groupe bien motivé, qui malgré leur marke-packaging, reste bien sympathique... Sercotec finance les investissements (plusieurs millions), motive et encourage; mais d'ici quelques années ce sont plusieurs milliers de camions qui vont se croiser sur une route comparable aux Gorges du Tarn, dans une vallée tout aussi étroite. Et quand je pose la question de la cohérence des deux projets... "certes il va y avoir gène mais peu car par rapport au village la route est éloignée"...de 200m !!!

Sujet hypersensible car mine = camion qui veut dire bruit, danger de circulation, pollution, dégradation, mine = pollution de l’eau qui veut dire pas de baignade et Chao les vacanciers !

Le gouvernement Chilien serait-il skizophrène  : exploitation minière et développement local touristique ? Ou serait-ce de la pure régulation sociale ?

 

O__sera_le_fameux_Pascua_Lama

C’est par ici que sera la mine... et l’on peut lire sur le mur des maisons « PASCUA LAMA , PAN PARA HOY, HAMBRE PARA MAÑANA » Pain pour aujourd’hui, Faim pour demain...

 

Jouer avec l’espoir des gens, faire croire, plannifier et rassurrer... politique de l’autruche !

Je vous promets, ça donne envie de pleurer.

 

En attendant le déluge,

 le soleil réchauffe les coeurs aigris,

   l’étendue désertique aspire le regard et le souffle,

   le silence calme la colère...

                                        Besos y abrazos de la Coline

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